Une météo peu favorable a contribué à restreindre le groupe initialement prévu, nous sommes malgré tout une petite dizaine venus suivre et écouter Denis Huin, guide naturaliste et ornithologue, qui nous propose de longer l’Endre. Cette petite rivière (28 Km), qui prend sa source à Tourrettes, traverse la barre rocheuse de la Colle du Rouet avant de se jeter dans l’Argens près du village du Muy.
Ce qui frappe d’abord sur ce site sauvage ce sont les contrastes de couleurs surprenants, avec les falaises et rochers siliceux (souvent de la rhyolite) aux tons rouge-rosé , des dépôts de pierres roulées blanches ou de couleurs très pâles et le tout mêlés à une végétation à dominante verte (maquis, pins). Toutefois on peut remarquer que le maquis a souffert de la sécheresse ces dernières années; espérons que la pluviométrie sera suffisante à l’avenir afin d’éviter la disparition de cette végétation typique.
Le long de la rivière de nombreuses plages se sont formées à partir des alluvions déposées. (sable, vase, argile, pierres) Par endroit de petits barrages naturels retiennent l’eau jusqu’à former de petites mares qui resteront tard en saison, c’est le territoire de deux poissons adaptés aux aléas de ce cour d’eau intermittent, le barbeau méridional et le blageon. C’est aussi le lieu de vie d’une tortue aquatique, la cistude d’Europe.
L’ONF gère la forêt de toute la zone de la colle du Rouet à la jonction entre la plaine de l’Argens et le massif de l’Estérel; cette forêt forme un ensemble remarquable par sa richesse écologique et ses paysages. Les forestiers font face à deux enjeux majeurs : les incendies et la pression de l’urbanisation. Les derniers incendies, il y a une dizaine d’années, ont quasiment fait disparaitre les pins. Il reste encore quelques troncs calcinés qui émergent au-dessus du maquis. Ils ont fait le bonheur des oiseaux de la famille des picidés qui ont creusé les troncs pour nicher et se nourrir. Les trois espèces de pics – à savoir pic vert, pic épeiche et pic épeichette – sont bien présentes sur le site. Le pic épeiche a été vu et entendu lors de la sortie.
Au détour d’un chemin Denis nous fait remarquer un pin qui présente de longues cicatrices verticales. Elles sont sans doute la résultante de la pratique du gemmage, opération qui consiste à blesser le pin pour en récolter la gemme ou résine. Blessé le pin produit une substance, composée à 70% de colophane, 20% d’essence de térébenthine, et 10% d’eau, qui contribue à la cicatrisation. Après divers traitements cette substance était utilisée pour la fabrication de produits de nettoyage, en pharmacie, et également pour le calfatage des bateaux en bois.
Les nombreuses haltes sont l’occasion d’admirer (ou écouter) la faune. Notre regard croise de nombreux oiseaux d’espèces très variées : geais des chênes, grives draines, pigeons ramiers, pics épeiches, hirondelles des rochers, pouillots verdâtres, mésanges à longue queue, bergeronnettes grise et bergeronnettes de ruisseaux, alouettes, pinsons, rouges-gorges et autres pies, merles, grands corbeaux.
Nous avons profité du chant de nombreux oiseaux mais aussi de celui des grenouilles rainettes.
Le milieu particulier en bordure de cette rivière d’eau claire et froide favorise une végétation sauvage abondante. Les saules pourpres ou blancs et les aulnes ont les pieds dans l’eau tandis que les chênes, les frênes, les pins se tiennent à l’écart.
Quand à elle l’hellébore fétide est en fleurs juste à coté d’un pied de lavande des îles… un mélange des genres surprenant quand on sait que l’une est d’affinité plutôt montagnarde et que l’autre est franchement méditerranéenne.
Le temps s’écoule très vite en écoutant Denis, mais il faut rentrer car la nuit ne va pas tarder.
On vous donne rendez-vous le 31 mars pour une escapade en plaine des Maures.
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